Le football togolais souffre des maux d’ordre structurels que conjoncturels. Un secret de polichinelle. Dans un long épistolaire publié sur les réseaux sociaux, Kodjovi Mawuena, éducateur sportif et entraineur de football, a dit tout haut et fort, ce que les autres pensaient chacun dans sa bulle. Football à la base, formation d’entraîneurs nationaux, nutrition etc, revoir les fondamentaux pour « aider le football togolais à sortir définitivement » de ses « problèmes ».
Après avoir copieusement dézingué les sélectionneurs expatriés qui ne constituent que « des gouffres financiers » y compris l’illusionniste portugais, Paulo Duarte, l’ancien sélectionneur des Eperviers du a estimé qu’il faut faire une projection, autant sur les infrastructures, à multiplier et à améliorer, les structures (des clubs et des équipes nationales), que sur les ressources humaines. L’écosystème du football togolais est moribond pour faire vivre les spécimens qui s’y amènent. « Ceux qui viennent sont définitivement bons. Sauf que nous avons notre contexte qui n’est pas facile et il faut l’assainir d’abord » a-t-il publié. Autrement le football togolais est à des années-lumière de retrouver ses lettres de noblesse d’antan.
Dans ses propositions, l’ex sélectionneur des Eperviers agé de 62 ans a avancé qu’il faut revenir à un championnat D1 à 12 clubs, D2 à 16 et D3 à 20. « Et chaque club doit avoir, en dehors de l’équipe A, les U20, les U17 et une équipe féminine » a-t-il précisé. Nostalgique des années de gloire du football togolais, Kodjovi Mawuena est revenu à la redynamisation du sport de masse en général, football de masse en particulier. Mais quant aux centres de foot, l’ancien défenseur du Togo a jugé qu’il faut y repenser avec des normes précises en sortant les mauvais des bons car « on n’y prend garde vont « tuer » les jeunes » a-t-il écrit.
L’autre point souligné comme piste de solutions : l’esprit patriotique. Du respect à l’endroit de ceux qui défendent les couleurs de la Nation qui ne peuvent donner le meilleur que s’ils sont « dans de bons environnements » pour « apporter énormément à notre football ». « Faire venir des joueurs pros est une très belle initiative, étant dans de meilleurs environnements et conditions d’entrainement, de nutrition et de soins. Ce qu’il faut garantir tant soit peu ici » a précisé Kodjovi Mawuena qui n’a pas manqué de critiquer les conditions physiques et techniques. « Nos pros actuels ont-ils eux tous, de la compétition dans les jambes et sont-ils tous à un bon niveau chez eux pour pouvoir apporter ce plus recherché? » s’est-il demandé.
Aussi, Kodjovi Mawuena a souhaité qu’il faille mettre l’accent sur le regroupement régulier des joueurs évoluant dans le championnat local et « travailler au moins 3 jours par semaine » avant l’arrivée des pros. « Les lundi, mardi et mercredi avant de regagner leurs clubs pour jouer les compétitions nationales en cours les jeudi, vendredi et le weekend. C’est ce qui avait fait la force de toutes les équipes nationales africaines. Une base au pays » a-t-il continué.
Ex-coach de plusieurs clubs togolais, Kodjovi Mawuena, a avancé qu’il faut faire de l’équipe nationale, un projet et composer avec les anciens grands joueurs de grandes expériences pour le Suivi-Evaluation, les conseils et pour servir de repères et de source de motivation supplémentaire aux joueurs, en toute harmonie avec le staff. « L’équipe nationale doit être un centre de joueurs bien suivis » a-t-il appuyé évoquant les prouesses du Togo : des finales jouées, une accession à un 2e tour à la CAN, une participation en Coupe du monde. « L’enjeu est donc de taille et dépasse les limites que l’on croie » a-t-il poursuivi.
Pour plus d’un, cette liste de propositions d’un ‘’doyen ‘’ du football togolais serait la bienvenue dans une période où le football togolais a besoin d’un miracle pour se positionner dans le sens de la marche. Pour d’autres encore, ce serait le médecin après la mort, car le football au Togo est devenu du folklore. Rien d’attrayant ni de passionnant. Mais est-il réellement trop tard pour mieux faire ? Et si on essayait le remède Mawuena ?
Edem Dodzi/csi