Csports : Pourquoi avez-vous choisi le slam comme style musical ? Est-ce un choix, ou ce genre vous est-il inné?
Momo Kankua : Le slam est un choix, car même si j’aime manier les mots je pourrais exercer un autre art que le slam. J’ai fait ce choix parce qu’il me convient le plus d’apporter un message aux oreilles, de partager des émotions et de faire vivre des rêves. C’est un choix de foi car la parole, la voix crée.
Csports: C’est un retour aux sources, c’est-à-dire privilégier la tradition orale qui a de toute éternité été au cœur des valeurs de nos ancêtres ?
Momo Kankua: Au début non, c’était juste un moyen pour réaliser le besoin d’expression. Après on se rend compte que tout a une raison profonde. Dans mon cas aujourd’hui c’est la démarche vers ce que nous avons de si sacré et humaine: nos langues. Comme on le dit en Éwé : “egbe ye nye agbe” (La parole, c’est la vie). J’apporte ma pierre à faire vivre nos langues qui sont plus de traditions orales. Csports: Quitte à mettre de côté les langues dites occidentales ? On ne saurait faire vivre nos langues et continuer d’étudier celles de l’Occident dans nos écoles, vous savez. Quel est donc votre avis sur la situation linguistique africaine, puis togolaise ? Momo Kankua: Il est juste essentiel de venir offrir au monde ce que nous sommes et notre culture. Plus nos langues se développent, plus elles enrichiront les langues d’autres continents. Exemple : je t’aime donne M’lon o qui donne je te tisse, une expression imagée de l’amour en français.
Csports: Donc les deux peuvent aller de pair, d’une certaine manière ?
Momo Kankua: Tout à fait, il est moyen de cohabitation dans le respect et l’enrichissement mutuel
Csports: A propos, quelle est votre rapport avec la langue française elle-même ? Slamez-vous plus en éwé qu’en français, ou inversement ?
Momo Kankua: Je commence à équilibrer la balance. Et même à écrire en français avec des mots éwé.
Csports: Mais comment vous y prenez-vous ? Cela ne doit pas être évident…
Momo Kankua: Plus simple qu’on l’entend. Je viens de vous donner un exemple sur l’amour. Nous sommes le sable des abeilles. Alors suons, comme les fourmis. Comme cela n’est pas permis. Fofo je te calcule pour ton grand travail. Si vous êtes éwé, lisez-la dans votre langue.
Csports: Cela s’entend. Venons-en à la rime. Un slameur doit forcement faire des rimes pour être mélodieux a son public ?
Momo Kankua: Ça dépend. Au slam il y a le fond, la forme et le rendu oral. Le slameur est libre. Il y a d’autres éléments comme la manière, la voix, qui rendent un texte tout joli. Les rimes sont aléatoires. Csports: Qu’entendez-vous par rendu oral ? Momo Kankua: Le slam est un art oratoire, ce qu’on entend.
Csports: Bien. Des projets et actualités culturelles en vue ?
Momo Kankua: Du 16 au 21 Septembre et du 1er au 04 Novembre, il y aura la deuxième édition de Fafa Slam parole de paix à Lomé. Il reste les détails des lieux. Surtout pour le spectacle du 21 Septembre, j’attends le retour des partenaires.
Csports: Un mot pour vos fans ?
Momo Kankua: Si tu aimes ce que je fais, remercie le très bon Dieu, je ne suis qu’un instrument. Akpe (merci) à toute âme qui me supporte. Et toute personne qui lit: je crois en vous de réussir dans votre domaine, faites le pas qu’il faut ! Slam Is Love
Csports: Encore un mot. Slam is Love, pourquoi ce slogan, Slam is Love ?
Momo Kankua: Parce que le Slam est un art de partage et d’amour. Après, Slam Is Love est une structure de développement du slam
Csports: Merci l’artiste !
